À l’école de l’Orchestre atelier

Lancé à la rentrée 2021, l’Orchestre atelier de l’HEMU permet aux étudiant·es de niveau Bachelor de cultiver les compétences musicales et humaines indispensables pour espérer intégrer durablement un orchestre.

Après une phase de test en 2020, l’HEMU s’est dotée à la rentrée 2021 d’un Orchestre atelier organisé en trois sessions de 6 à 10 répétitions de trois heures chacune. « Cette initiative venait combler un manque sur lequel plusieurs de nos étudiants avaient d’ailleurs attiré notre attention. Il s’agit de permettre aux étudiants, principalement de Bachelor, d’acquérir ou consolider des réflexes métiers liés à la pratique orchestrale, d’aborder des œuvres représentatives du répertoire de base, mais aussi d’aiguiser les capacités relationnelles leur permettant d’intégrer un orchestre et ce en étant affranchis de la pression du concert final devant un public, chose que nous continuons à proposer en parallèle, l’expérience de la scène demeurant également essentielle », synthétise Alain Chavaillaz, directeur de la formation de l’HEMU.

Seules une poignée d’institutions dans le monde proposent à ce jour un tel cours. « La plupart se trouvent dans les pays anglo-saxons. À ma connaissance, il y en a encore peu en Europe », précise Nicolas Chalvin. Le chef d’orchestre et professeur de 53 ans a été spécialement embauché par l’HEMU pour prendre en charge ce programme. Son CV parle pour lui puisque, après une carrière prolifique d’hautboïste, le Français a dirigé l’Orchestre de chambre de Lausanne, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Orchestre Sao Carlo de Lisbonne, le Philarmonique de Strasbourg, l’Orchestre national de Grèce ou encore l’Orchestre du ballet national de Pékin. Liste non exhaustive… « Ces expériences lui ont conféré des capacités pédagogiques hors norme », se félicite Alain Chavaillaz. Et ce n’est pas du luxe, tant le jeu dans un orchestre convoque de subtilités à tous les niveaux !

Un autre point clé est d’apprendre à faire société, ce qui est plus fondamental encore qu’auparavant au sortir cette phase de pandémie et de distanciation.

Nicolas Chalvin

Pour se familiariser avec les exigences de l’orchestre, les étudiant·es s’attaquent par groupes de 40 à 50 à des classiques très divers du répertoire. Des morceaux des répertoires romantique, moderne, contemporain ou baroque sont aussi abordés. Nicolas Chalvin propose parfois à ses musicien·nes d’écouter plusieurs interprétations d’une même pièce, ce qui est prétexte à débattre du tempo idéal de chacun·e mais aussi ensuite à se plier au mieux à celui retenu par le chef. Car l’un des enjeux majeurs consiste à apprendre à travailler sa sonorité pour qu’elle se marie avec celle de ses collègues pour former une sonorité collective et cohérente.

Même si la direction d’orchestre intègre une dose d’horizontalité, il faut aussi apprendre à composer avec la verticalité qui lui reste inhérente. « Un autre point clé est d’apprendre à faire société, ce qui est plus fondamental encore qu’auparavant au sortir cette phase de pandémie et de distanciation. Cela implique aussi bien la simple ponctualité qu’un certain savoir-être », relève Nicolas Chalvin. Lequel souligne aussi qu’il est difficile de travailler chez soi sa partie telle qu’on la jouera ensuite au sein de l’orchestre. Chaque musicien·ne doit comprendre la part d’initiative dont il·elle dispose dans un orchestre et en tirer le meilleur.

L’Orchestre atelier permet de se familiariser avec le « trait d’orchestre ». En effet, le rythme de travail soutenu qu’il implique exige notamment de savoir jouer sa partition tout en écoutant celles de ses voisins et en respectant les indications du chef. Au fil des sessions et des discussions, les étudiant·es apprennent à nourrir la dynamique de groupe, à s’ancrer dans leur calme et leur émerveillement intérieur, et comment un orchestre s’inscrit dans la société qui l’entoure. Les échecs constituent bien souvent des étapes vers le succès et sont sources d’apprentissage. L’accent est mis sur la manière de construire leur carrière dans la durée. « Au final, ceux qui se destinaient à devenir musiciens d’orchestres sortent souvent renforcés dans leur décision et une partie des autres se prend à y songer… », constate joyeusement Nicolas Chalvin.

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