L’Association des Musiciennes Etudiantes du Flon (AMEF) a été fondée en 2020 sur initiative de Cléa Pellaton, bassiste en première année de Master en jazz à l’HEMU.
Après une formation de juriste, Cléa Pellaton choisit des études de musique. Et avant même d’arriver sur les bancs de l’HEMU, elle a déjà l’intention de s’intéresser aux questions de genre dans son nouveau domaine d’études. « En sachant que j’allais entrer à l’HEMU, explique Cléa, je souhaitais rencontrer rapidement toutes les autres musiciennes qui y étudiaient en jazz et en musiques actuelles, afin de discuter de discriminations liées au genre, car je me doutais bien que le milieu de la musique n’était pas épargné. » Elle ne se trompe pas, l’intérêt est bien là ! La quasi totalité des étudiantes (11 sur 12) deviennent membres de l’AMEF. « Comme il y a en tout cinq années d’études et deux sections, nous sommes souvent très seules en tant que femmes* dans nos volées respectives », confie Cléa. Le but premier de cette association est donc de donner un espace de parole et d’échange aux étudiantes* (comprenant toutes les personnes s’identifiant comme femmes) au sujet des difficultés et problématiques rencontrées dans leur formation musicale, et plus largement dans l’exercice de leur art.
Une des premières étapes a été de se présenter à la Direction afin d’obtenir sa reconnaissance officielle en février 2021. L’accueil a été plutôt positif, bien que les problématiques liées au genre ne semblent pas dans les premières priorités. « Avec le COVID, la Direction générale a été très occupée ces deux dernières années. Elle a trouvé notre idée vraiment porteuse. Le seul regret exprimé a été que l’AMEF se limite aux sections jazz et musiques actuelles à Lausanne. » Cependant, les ressources étant restreintes, les membres de l’AMEF ne sont actuellement pas en mesure d’agrandir leur spectre d’action. « L’AMEF reste par contre ouverte à toutes personnes qui pourraient avoir besoin de partager au sujet des problématiques liées au genre », assure Cléa. Du côté de la communauté étudiante, l’accueil de cette initiative est lui aussi positif mais demeure timide. En effet, aucun·e étudiant·e ne s’est encore proposé pour apporter son aide.
En réalité, les thèmes et problématiques qui nous touchent le plus sont les plus difficiles à adresser par des actions concrètes.
Cléa Pellaton
Comme bien souvent dans l’associatif, les ressources n’égalent malheureusement pas les idées et l’élan. « Nous avons mille idées !, s’exclame Cléa. Et, en réalité, les thèmes et problématiques qui nous touchent le plus sont les plus difficiles à adresser par des actions concrètes. » Trois concerts en streaming ont été organisés au printemps 2021, afin de non seulement faire connaître l’association, mais aussi de récolter quelques fonds. L’exercice a été difficile, peu fructueux, mais riche d’enseignements pour les membres. « Cela a demandé beaucoup de travail, additionné à une lourde charge au niveau des cours. Le succès n’était pas à la hauteur de nos espérances, mais nous avons pu nous familiariser avec entre autres la gestion de projets », détaille Cléa.
Une chose est sûre, l’AMEF fait parler d’elle et rencontre un bel intérêt. Cléa Pellaton a notamment été l’invitée de l’émission l’Echo des Pavanes de RTS-Espace 2, en septembre 2021. Des collaborations sont notamment en cours d’élaboration avec l’EJMA ainsi que l’association Helvetiarockt, pour donner naissance à des projets dans les prochains mois. Une table ronde co-organisée avec le Sinfonietta de Lausanne, nommée Leadership féminin dans la musique, a eu lieu le 9 février 2022.